Je me réjouis de l’accord national conclu entre les deux mouvements politiques de la décroissance (Le MOC et le PPLD) qui défendent une décroissance résolument anticapitaliste et antiproductiviste, une décroissance qui n’est ni sectaire ni punitive, une décroissance émancipatrice. Les électrices et les électeurs avaient besoin de la clarté de cet accord pour faire échec à la propagande de nos adversaires qui soit réclament « toujours plus » de croissance, comme si la Terre pouvait encore le supporter, comme si leur croissance n’entretenait pas les inégalités sociales, soit imposent ou banalisent la récession, comme si le « toujours moins » n’était pas simplement l’autre face du même système, comme si la décroissance se devait d’applaudir à l’austérité ou se réjouir de l’augmentation du prix du pétrole ou des denrées alimentaires, cause de tant de souffrances.
La décroissance que nous aimons n’est pas de faire la même chose en moins, nous n’appelons pas les gens à se serrer la ceinture (un peu, beaucoup, etc.), mais à changer radicalement de mode de vie. Notre société est DEJA bien assez riche pour garantir à chacun de quoi vivre dignement. C’est pourquoi, la décroissance revendique une réduction drastique du temps de travail, c’est pourquoi elle milite pour une dotation individuelle d’autonomie (revenu garanti) couplée à un revenu maximal autorisé, c’est pourquoi elle prône la gratuité de tout ce qui est indispensable à la vraie vie.
Nous savons que rien ne sera possible sans une mobilisation de TOUTES et de TOUS à la fois dans les lieux de vie et dans les entreprises, car c’est nous qui devons choisir que produire, comment et pour qui.
Je me réjouis de cet accord national car il donne un cadre pour l’ensemble des candidats et des candidates de la décroissance, parce qu’il permet d’avancer vers la lisibilité de notre mouvance. J’avoue comprendre les OC qui refusent le jeu électoral ou feront électoralement d’autres choix. Je demande, en revanche, aux électrices et aux électeurs qui souhaitent voter en faveur de la décroissance, lors des prochaines élections législatives, de soutenir les seuls candidates et candidats dont les propositions rejoignent celles de cet accord national (relocalisation avec création de monnaies locales, réduction du temps de travail, DIA, gratuité des services publics, etc.).
J’appelle les candidates et les candidats Objectrices et Objecteurs de croissance à se référer à cet accord national du MOC et du PPLD même lorsqu’elles/ils ne sont pas membres de ces deux mouvements.
J’appelle aussi les électrices et les électeurs à soutenir les candidats des gauches qui portent le mieux ces revendications. C’est la seule solution pour faire gagner la décroissance, c’est la seule solution pour avancer vers un socialisme de la décroissance, vers un éco-socialisme, vers un socialisme gourmand.
Paul Ariès
- dernière parution : Le socialisme gourmand (La découverte, mars 2012)
- Rédacteur en chef du journal le sarkophage et les Z’indigné (e )s